Alors que nous sommes tout juste deux cents ans après la mort de François Gaschon, est-il opportun de faire avancer sa cause ? Comment présenter en exemple au peuple chrétien, en ce début du XXIe siècle, un prêtre formé sous l’Ancien Régime et mort à la fin du Premier Empire ?
Et pourtant, tout en tenant compte du changement des circonstances, François Gaschon peut bien être présenté comme modèle pour les prêtres de notre époque.
Il a été en effet un prêtre missionnaire. C’est le seul titre dont il s’est glorifié jusqu’à la fin de sa vie. Son exemple peut facilement être présenté, à notre époque où le Pape François recommande vivement aux prêtres de se préoccuper de la Mission aux frontières du Peuple de Dieu.
Missionnaire, François Gaschon l’a été auprès des populations des campagnes, dans les nombreuses paroisses où il a prêché durant plus de 25 ans, avant la Révolution. Missionnaire, il l’a été d’une autre façon dans ses courses apostoliques durant la Révolution, où il s’efforçait au milieu des dangers d’apporter la parole de Dieu et les sacrements, aux populations privées de prêtres et d’enseignement religieux. Missionnaire, François Gaschon l’a été enfin, par sa façon de se mettre au service de tous et spécialement des plus pauvres à Ambert, où il s’est dépensé jusqu’aux limites de ses forces pour le catéchisme des enfants, l’enseignement des adultes, l’assistance spirituelle des malades de l’hôpital.
En notre temps où les prêtres en France sont de moins en moins nombreux et de plus en plus âgés, où ils risquent de se décourager, il est opportun de leur présenter l’exemple d’un prêtre qui n’a jamais désespéré, mais qui s’est dépensé sans compter pendant la Révolution et les années suivantes en attendant la reprise des vocations, en laquelle il avait confiance et pour laquelle il a travaillé avec persévérance.
François Gaschon est aussi pour les prêtres un modèle de fidélité à l’Église, dont il a suivi toutes les directives pendant la Révolution, et aussi après le Concordat à un moment où il pouvait estimer trop conciliante l’attitude officielle à l’égard des anciens prêtres constitutionnels.
François Gaschon peut aussi être présenté comme modèle pour le peuple chrétien tout entier.
Il est un modèle d’attachement à la foi et à l’Église que des forces contraires venaient ébranler.
Il est un modèle d’espérance dans les situations les plus critiques. Il invite les chrétiens de nos campagnes à ne pas se décourager malgré l’absence de prêtres, comme il redonnait confiance à ceux qu’il visitait de loin en loin pendant la tourmente révolutionnaire, ou aux habitants des hameaux éloignés d’Ambert à qui il apportait le réconfort de sa parole ou des sacrements durant le Premier Empire.
Il est un modèle de charité, dans une attitude toute donnée à Dieu et à ses frères.
II rappelle aux chrétiens le souci que chacun doit avoir de correspondre à l’amour de Dieu pour nous, amour symbolisé par le Cœur du Christ, de retremper sa vie chrétienne dans la lecture de la Bible, le culte de l’Eucharistie célébrée à la Messe, honorée au tabernacle, reçue dans la communion, la fréquentation du sacrement de réconciliation dont il était le ministre assidu. François Gaschon nous invite à faire passer notre prière par l’intermédiaire de la Vierge Marie, pour laquelle il a toujours eu une dévotion filiale, après avoir vécu de nombreuses années auprès de sanctuaires mariaux.
Il vient rappeler aussi l’attention que nous devons porter à nos frères, spécialement aux plus pauvres, aux plus abandonnés, comme il était au service des populations dans le désert spirituel pendant la Révolution, comme il s’occupait tout spécialement des plus faibles, des plus pauvres durant son ministère à Ambert.
François Gaschon reste pour chacun le modèle d’une attitude remplie de force, qui ne se laisse pas rebuter par les difficultés, attitude qu’il est opportun de présenter, à notre époque où la civilisation du confort fait oublier la nécessité de l’ascèse pour une vie chrétienne authentique.
L’humilité de François Gaschon, toujours disposé à servir sans bruit, vient interpeller tous ceux qui cherchent à se mettre en avant.
Aux descendants de ceux pour qui François Gaschon s’est dévoué, il est donc bon de le présenter comme modèle. En le regardant, ils peuvent trouver un encouragement à vivre selon les exigences de leur foi.